jeudi 15 février 2018

#REFLEXIO – 2018#1
#Conférence
ELENA BISERNA
18h30 à L’Université Paris 8, St-Denis

Cycle de conférences arts sonores et sound studies
(Février > Mai 2018)


Toute propagation du son s’accompagne d’une réflexion acoustique, dès lors que l’onde sonore rencontre une surface qui en partie l’absorbe et en partie la réfléchit. Dérivant de ce principe, le cycle Reflexio propose une série de conférences où les paroles d’artistes, de musiciens et de chercheurs s’offrent à la réflexion partagée, dans des moments d’échange où les énoncés de chacun et chacune deviennent autant d’échos d’échos. De l’écoute des frontières géopolitiques à l’ethnographie de la scène noise, en passant par l’individuation des voix, une généalogie littéraire du paysage sonore, la captation de perturbations atmosphériques, ou encore la géographie des espaces sonores, ces conférences abordent quelques-unes des préoccupations qui animent, aujourd’hui, les pratiques et la recherche dans les arts sonores, les musiques expérimentales et les sound studies.

Ce cycle est organisé en partenariat entre l’université Paris 8, les Instants Chavirés et la Philharmonie de Paris.

Cycle dirigé par MATTHIEU SALADIN.

En accès libre et ouvert à tous.

jeudi 15 février 2018 à 18h30
Université Paris 8
Réservation obligatoire par mail :
matthieu.saladin @ univ-paris8.fr

NB :
cette conférence a lieu à l’Université Paris 8
2, rue de la Liberté
93526 Saint-Denis
Métro Saint-Denis Université.
salle A1-172, bâtiment A.

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ELENA BISERNA
SoundBorderscapes ou l’écoute critique des frontières


WR, Border Sounds, 2001. Courtesy the artists.

Les frontières sont devenues aujourd’hui plus importantes que jamais, touchant à tous les aspects de nos vies et soulevant des problèmes culturels, sociaux, économiques et politiques cruciaux apparus dans les tensions entre leur durcissement et les luttes qu’elles nourrissent. L’intervention SoundBorderscapes souhaite interroger le potentiel du microphone pour « donner voix » à ces territoires, mais aussi celui de l’écoute comme outil pour défier la compréhension traditionnelle de la frontière comme ligne de séparation entre différentes entités territoriales.

Le terme « borderscape » – introduit initialement par les arts, puis adopté dans le champ des études sur les frontières – implique une compréhension complexe, plurielle et ambiguë des frontières. Premièrement, il propose une image temporelle et processuelle, autrement dit dynamique de la frontière, pensée comme un espace fluide, en permanente construction, redéfini, renforcé ou subverti par une multiplicité de discours, de pratiques et de corps. Deuxièmement, le terme renvoie à une pensée et à une représentation des frontières tenant compte de leur nature culturellement construite.
De son côté, le « paysage sonore » (soundscape) qualifie l’environnement sonore qui entoure l’auditeur, un espace relationnel, temporel et dynamique, que l’expérience d’écoute ne cesse de produire et de réactiver à chacune de ses manifestations. Les deux termes soulignent ainsi le dynamisme, la fluidité et la multiplicité du réel. Ils insistent sur sa nature culturelle et complexe, mais aussi sur le rôle majeur des sujets (individuels et collectifs) dans sa définition, sa production et sa matérialisation.

En repartant de ces similitudes, cette intervention entend introduire le terme de « soundborderscape » pour présenter un ensemble de projets artistiques se confrontant aux frontières géopolitiques à travers le recours aux sons et à l’écoute. En enregistrant, composant ou explorant des pratiques vocales ou sonores, ces projets rendent audibles et amplifient les processus à l’œuvre aux frontières, voire rendent compte du processus que constitue la frontière elle-même. De plus, ils proposent de considérer l’écoute comme un instrument propice pour engager une épistémologie critique de la frontière et, ce faisant, la repensent de manière située, relationnelle, dynamique et complexe. Envisagées du point de vue de l’écoute, les frontières perdent, en effet, leur image linéaire et deviennent des flux en mouvement permanent, alimentés par une quantité d’événements aux influences réciproques, soit des membranes constamment traversées par le passage de l’autre.

Elena Biserna est chercheuse à Locus Sonus, École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, PRISM « Perception, Représentations, Image, Son, Musique » et chargée de cours à Aix Marseille Université. Sa recherche interdisciplinaire porte sur l’esthétique, en particulier l’écoute, les arts sonores et les pratiques contextuelles liées aux dynamiques urbaines, aux processus socio-culturels et à la sphère du quotidien. Elle a enseigné à l’Accademia di Belle Arti de Bologne et donné des conférences ou participé à des colloques dans plusieurs institutions : La Pelanda, MACRO Testaccio, Rome ; De Montfort University, Leicester ; Gaîté Lyrique, Palais de Tokyo, EHESS, Paris ; Wake Forest University, Venise ; O’ Artoteca, Milan ; ENSA Bourges ; HEAR-Mulhouse ; Centro di Cultura Contemporanea, Perugia ; University of London ; Università IUAV, Venise ; NABA, Milan.
Ses écrits ont paru dans des publications internationales (Les Presses du Réel, Mimesis, Le Mot et le Reste, Errant Bodies, Amsterdam University Press, etc.).
Elle a collaboré avec diverses organisations en tant que curatrice : Sant’Andrea degli Amplificatori (Bologna), Cona Zavod (Ljubljana), Saout Radio, Xing (Bologna), Sound Threshold (Londres). Parmi ses projets (collaboratifs): bip bop (Radio Città Fujiko, Bologna 2013), Mobile Audio Fest (Fondation Vasarely, ESAAix, Friche la Belle de Mai, Aix-en-Provence-Marseille 2015), Dreamscapes and other (un)conscious explorations (Cona Zavod, Ljubliana 2017), Walking from Scores (Raum, Bologna 2014-en cours).

Accès :


Métro ligne 13 : station Saint Denis université

horaires
ouverture des portes 18h30 |