mercredi 19 novembre 2014

KASPER T. TOEPLITZ
« Fluster »de ZBIGNIEW KARKOWSKI
MOJU (projection vidéos)

KASPER T. TOEPLITZ
Interprétation de « Fluster » (pour basse éléctrique) de ZBIGNIEW KARKOWSKI (58 min)

« Le monde sonore de Karkowski c’est la musique noise, les
compositions algorithmiques, le fracas, la puissance et le volume comme
données premières et essentielles. »
KTT

notes sur l’élaboration, l’écriture de la pièce et son contexte :

Le travail sur la composition de Zbigniew Karkowski s’est fait avec une facilité déconcertante, de part et d’autre. Il est vrai que Zbigniew et moi travaillons ensemble sur un projet commun, Le Dépeupleur, duo d’ordinateurs, depuis 1999. Beaucoup de concerts, quelques disques, de quoi développer une amitié autant qu’une connivence musicale. Une compréhension mutuelle, sans doute. Au départ pourtant, suite à la commande lui ayant été faite par le GRM pour le Festival Présences Electroniques, Karkowski avait rêvé sa pièce – littéralement, et difficile de ne pas songer à un Stockhausen rêvant son « Trans », intégralement, en une nuit (anecdote peu crédible, mais une tellement belle histoire !) ou, plus tard, aux quatre hélicoptères de son quatuor à cordes. Le rêve de Karkowski avait été celui d’une flûte piccolo, solo (et sans doute des traitements électroniques). Etrange d’associer le piccolo à l’univers sonore du compositeur nomade – polonais et suédois il vit au Japon et joue dans le monde entier, faisant de fait sienne la devise de Xenakis, « il faut toujours être un immigré ». Le monde sonore de Karkowski c’est la musique noise, les compositions algorithmiques, le fracas, la puissance et le volume comme données premières et essentielles. Pourtant il s’agit d’un compositeur de formation classique traditionnelle, et qui avait étudié la flûte – même si on ne l’imagine pas revenir à cet instrument, lui qui après avoir joué d’une « cage » avec des capteurs infrarouge au sein du trio Sensorband, ne se sert plus que de son ordinateur. Mais l’idée de la flûte n’est pas restée présente très longtemps, ou n’a pas résisté à une confrontation avec le réel ; comme à peu près à la même époque, lors d’une tournée du Dépeupleur je lui parlais de mon envie de jouer, un jour, une composition de lui à la basse, et qu’il se rendait bien compte par ailleurs qu’en quelques jours de répétitions, placés obligatoirement, pour des raisons pratiques, juste avant le concert, il aurait bien du mal à faire passer son imaginaire sonore à un musicien probablement de formation classique (les liens du GRM et de Radio-France faisant penser que c’est là que serait recruté l’interprète), Zbigniew me proposait de profiter de cette occasion pour m’écrire une pièce. De basse, donc. Augmentée, lors de la création au 104, en mars 2010, d’une vidéo de l’artiste japonaise Atsuko Nojiri.

Lors d’une visite au GRM, et alors qu’il lui était proposé du temps de studio, des ordinateurs et des logiciels, ce à quoi Zbigniew Karkowski a répondu qu’il n’avait besoin que d’une feuille de papier et d’un stylo, avant de dessiner le schéma de la pièce à venir – seule partition tangible de la composition, dessin fait en cinq minutes, et sans doute perdu depuis (Karkowski n’a pas le culte des objets et encore moins celui de l’archivage de son œuvre). Et donc même s’il existe – ne serait-ce que dans la mémoire, le schéma ayant été très simple – une trace écrite de la partition, celle-ci est essentiellement immatérielle, ne reposant ni sur une écriture ni sur des sons spécifiques ni même sur une partition du temps. Trois mouvements – sub-grave, plein (un remplissage de l’ensemble des fréquences, à la manière d’un bruit blanc mobile – qui donc, techniquement, n’est pas un bruit blanc), et suraigu. Les trois parties sont plus ou moins de durées similaires, sans que la durée de l’ensemble ne soit précisée : même si l’idée de la version « idéale » serait un temps d’environ 45 minutes, à la création – contraintes de festival obligent – on savait qu’il ne fallait pas dépasser les 20 minutes. Pourtant cette version-là n’était pas une version « raccourcie », mais simplement une durée autre pour donner à percevoir une même réalité : vision plus ou moins brève d’un tout qui, de toute façon, est impossible à englober en une écoute, car toujours en devenir – avec Zbigniew nous avons beaucoup parlé du travail d’un compositeur comme étant celui sur une seule et même pièce (ce qui ne veut pas dire forcément sur une même idée), une vie durant, et dont les apparitions sont les différentes pièces, réellement lisibles qu’à la lumière de l’ensemble. Ce qui veut dire jamais, sans doute – à fortiori si on considère la production de Zbigniew Karkowski, qui doit faire plus de 100 concerts par an, que ce soit en Chine, aux USA, en Amérique du Sud ou en Europe, en toutes sortes de lieux, depuis les campus d’université, invitations des centres de musique électronique jusqu’aux squatts, voire dans la rue, et qui ne joue jamais la même chose, jamais la même pièce. La notion de pièce ne vient que après, parfois, lorsqu’il faut nommer un CD, ou donner un nom lors de la préparation d’un programme ; la pièce qu’il m’a écrite a été nommée « Fluster », mais bien après sa création. Et nous ne l’avons jamais appellée ainsi – Zbigniew m’a simplement écrit un jour que c’est le nom qu’il a marqué sur le contrat avec le GRM. Avant de l’oublier.

N’est pas plus définie la matière sonore qui doit donner vie à la pièce : d’ailleurs maintenant que l’on songe à un enregistrement (dans l’idée d’une parution sur CD) de la pièce, c’est tout naturellement que l’on a parlé de changer le contenu sonore des parties, sans que cela remette en question l’existence de l’ensemble comme un tout. Une version de durée différente, faite d’autres sons serait donc la même chose ? Oui ; et cela remet bien en question les idées que l’on peut avoir sur la notion du même et de l’autre en musique, idées qui portent toute la définition de ce qu’est une partition. Karkowski ajoute un troisième paramètre à cette équation qui définit une pièce – le volume sonore, ou plutôt le volume sonore rapporté à l’endroit de l’écoute. Et son seul regret (ou critique) exprimé(e) lors de la création a été sur le manque de volume : l’accord entre les besoins actuels de la musique et les normes des lieux officiels est encore à trouver. Le fait que cette démarcation de pensée se fasse précisément à l’endroit que l’histoire de la musique écrite a le plus négligé (excepté pour les trois lettres, p, m et f !) n’est, culturellement, sans doute pas fortuit.
KTT

éléments biographiques

Kasper T. Toeplitz
est compositeur & musicien (ordinateur, basse électrique). Il a développé son travail dans le « no man’s land » entre la composition « académique » (orchestre, ensembles, opéra) et la nouvelle musique électronique ou « noise music ».

A reçu plusieurs prix et distinctions dans le domaine « académique », ainsi que des nombreuses commandes d’État, de la Radio ou encore de studios électroniques comme l’Ircam, GRM , GMEM, CRFMW, EMS, mais travaille également avec des musiciens expérimentaux ou inclassables, comme Zbigniew Karkowski, Tetsuo Furudate, Dror Feiler, Art Zoyd, Éliane Radigue, Phill Niblock, Francisco Lopez, Z’ev, Ulrich Krieger, d’autres.. ainsi qu’avec des artistes pratiquant d’autres disciplines : danse, video…

Son utilisation de l’informatique l’a amené à travailler dans d’autres domaines, leur appliquant l’idée d’une musicalité silencieuse ; il a ainsi developpé l’installation GLOBAL STRING en collaboration avec Atau Tanaka (2ème Prix au Concours « CyberStar », WDR Cologne et Honorary Mention au festival Ars Electronica)

http://www.sleazeArt.com

Zbigniew Karkowski, né en1958 à Cracovie et mort en décembre 2013 au Pérou, est un compositeur et musicien expérimental de renommée internationale. Il s’est produit professionnellement depuis les années 1980 dans le cadre des musiques contemporaine, industrielle, noise ou expérimentale. Il a étudié la composition à l’École nationale de musique à Göteborg, en Suède, l’esthétique de la musique moderne à l’université du département de musicologie de Göteborg, et l’informatique musicale à l’Université de technologie Chalmers. Il a travaillé activement en tant que compositeur de musique à la fois acoustique et électroacoustique. Il a écrit des pièces pour grand orchestre (commandées et interprétées par l’Orchestre symphonique de Göteborg), ainsi qu’un opéra et plusieurs pièces de musique de chambre qui ont été interprétées par des formations professionnelles en Suède, en Pologne et en Allemagne. Il a vécu et travaillé à Tokyo, au Japon au cours des dernières années de sa vie, et y a été actif dans la scène noise underground. Ses travaux ont été présentés dans plus de 30 pays en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et au Japon. Il a collaboré avec de très nombreux artistes, dont Blixa Bargeld (The Execution Of Precious Memories en 1995), Merzbow (sous le nom MAZK, depuis 1999), Kasper T. Toeplitz (sous le nom Le Dépeupleur, depuis 1999), ou dans le groupe Sensorband (avec Atau Tanaka et Edwin van der Heide).

– – – –

MOJU
(projection vidéos)

Microbend (2011) durée 10’30
musique de Zbigniew Karkowski

©Moju

Un voyage dévastateur à travers des paysages désolés et industriels en décomposition, filmé en en noir et blanc sur-contrasté avec une bande-son « karkowskienne », soit d’une force et intensité dramatiquement tellurique. Une abstraction organique faite de peut-être feu, terre, roche, lave, montagne, fumée, paysages sombres, pierre en fusion avant de retomber dans un possible désastre urbain, irrésolu, inexorable et nous laissant en suspens…. avant ou après l’apocalypse de l’ingénierie architecturale humaine ? (Sixto, Cave12)

Untitled#3 (2008) durée 7’10
musique de Zbigniew Karkowski

©Moju

Pour le projet « untitled#3 », inédit, Moju a demandé à des artistes sonores d’illustrer une video muette, 14 ont participé (Astro, 23N !, Dave Phillips, Daniel Menche, Francisco Meirino, Games Addiction, Ilios, Kelly Churko, Kouhei Matsunaga, Mecha/Orga, Michael Gendreau, Simon Grab, Strotter Inst., Zbigniew Karkowski). C’est la version de ZK qui est présentée.

Général :
Pour « Microbend », ZK a demandé à Moju d’illustrer un morceau existant. Pour « untitled#3 » c’est l’inverse, Moju a demandé à ZK de sonoriser la vidéo existante.

http://www.moju-video.com
http://www.youtube.com/mojuvideo
https://vimeo.com/moju
http://www.facebook.com/moju.vids

tarifs
12€ plein tarif
10€ prévente et Montreuillois | acheter en ligne
8€ abonnés Instants Chavirés | s'abonner

_Adhérer et / ou s’abonner à l’association

Vous souhaitez soutenir les activités des Instants Chavirés ?
Merci !

Pour ce faire, deux solutions : adhérer et / ou s’abonner.
(statuts compatibles)

_S’abonner

L’abonnement annuel fixé au prix de 25 EUROS vous permet de bénéficier du tarif de 10 EUROS (au lieu de 14 EUROS) ou 12 EUROS (au lieu de 16 EUROS) pour les concerts produits pas les Instants Chavirés.
L’abonnement s’effectue uniquement à la billetterie, les soirs de concerts.

À partir du 13 septembre 2023, nous proposons une offre couplée abonnement + affiche Instants Chavirés (seconde édition – 70×100 cm – recto noir sur jaune fluo).
L’affiche répertorie chronologiquement 30 ans de programmation musiciale aux Instants Chavirés (février 1991 > février 2021) soit quelques 3250 concerts !

Abonnement + affiche = 30 EUROS
Offre disponible à uniquement à la billetterie, les soirs de concerts.
(L’affiche seule est disponible au prix de 10 EUROS)

(Merci d’écrire à jf @ instantschavires.com si vous souhaitez commander et vous faire expédier l’affiche seule au tarif de 16 EUR port compris en France).

_L’adhésion

Vous pouvez adhérer à l’association Muzziques qui gère les Instants Chavirés.
La cotisation annuelle est fixée à 10 EUROS minimum.
L’adhésion est valable un an, de date à date.
Une adhésion Soutien, du montant de votre choix, est bien sûr possible.
Le statut d’adhérent n’implique pas de tarif préférentiel pour les concerts.
Vous pouvez adhérer à la billetterie, les soirs de concerts ou en ligne :

 

_Adhérer en ligne_

Vous pouvez adhérer en ligne via la plateforme paiement 100% sécurisé, HelloAsso.
https://www.helloasso.com/associations/instants-chavires-muzziques

Merci de remplir le formulaire avec votre adresse postale de façon à pouvoir vous envoyer votre carte d’adhérent et ponctuellement, nos dépliants et programmes.

artwork, Lettrages : Hélène Marian
http://www.helenemarian.com/

_L’association_

Les Instants Chavirés sont depuis 1991 un lieu de diffusion, situé à Montreuil (93), pensé comme un laboratoire des musiques improvisées, expérimentales, bruitistes. Son annexe, l’ancienne brasserie Bouchoule, propose un autre regard autour des arts visuels et sonores. Deux lieux pour un même partage d’une certaine création contemporaine.

Les Instants Chavirés sont impliqués dans le domaine des musiques expérimentales et rendent compte de ses multiples formes, générations, origines et approches. La programmation musicale des Instants Chavirés se définit par la diffusion et la production de concerts et de résidences d’artistes.
Plus de 3250 concerts ont été proposés en 32 ans d’existence.

Les Instants Chavirés engagent depuis 2002 des actions pédagogiques et culturelles en direction de différents publics éloignés ou non des pratiques artistiques. Ces activités sont menées par des artistes intervenants musiciens ou plasticiens, professionnels et pédagogues.

Fondée en 1988, L’association Muzziques (régie par les dispositions de la loi du 1er juillet 1901) gère les activités des Instants Chavirés.
Elle a pour objet la création, la production, la diffusion et la promotion de spectacles vivants, des arts visuels, de leurs supports et activités annexes et connexes.
Le siège social est établi au 7 Rue Richard Lenoir 93100 Montreuil.

L’échelon associatif est primordial pour le dynamisme de l’association, indispensable au fonctionnement et à la pérennité de la structure.

_ Tout adhérent à l’association Muzziques est membre actif et dispose d’une voix délibérative aux décisions de L’Assemblée Générale. Il se doit de participer ou de se faire représenter par un tiers à cette dernière. Ce tiers doit être membre de l’association Muzziques.

_ Tout adhérent peut se faire élire au Conseil d’Administration.

Votre implication à divers degrés, du plus petit au plus grand est vitale.

À noter : La cotisation d’adhésion annuelle est de 10€ minimum et ne s’accompagne pas du tarif préférentiel pour les événements.

Grand merci à vous toutes et tous

Association Muzziques / Instants Chavirés

N’hésitez pas à nous appeler pour toute demande et renseignement concernant notre système d’adhésion et d’abonnement.

01 42 87 25 91

8,20€ étudiants

horaires
ouverture des portes 20h30 | concert à 21h