De mai à début Juillet, Pierre Frulloni nous propose dans le cadre de Rien à voir, son journal de bord découpé en épisodes de 30 minutes, selon ses mots, une suite de dérochages : une lecture à vif d’images, de matières, de textes et de sons que je vous envoie depuis l’autre côté.
Une quête à découvrir les 3, 11, 13, 18, 25 mai, les 2, 4, 8, 10, 11, 12, 17, 29 juin
et enfin le 12 juillet de 20h30 à 21h en entrée libre (concert à suivre payant).
Avant-hier, la préparation
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Actuellement étudiant-chercheur en 3ème cycle, je mène un programme de recherche s’intitulant
« Il y avait le monde, un tas de sable et des seaux » ou encore « Les outils de résistance face à la ruine dans l’errance », au sein de la Coopérative de Recherche de l’Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole.
Pensant que quelque chose se cache sous l’horizon, j’ai longtemps cherché une route qui pourrait me permettre de m’y rendre. Trouvant un passage il y deux mois, c’est donc une suite de dérochages : une lecture à vif d’images, de matières, de textes et de sons que je vous envoie depuis l’autre côté.
« Dans l’observation du monde, le problème n’est pas le voisinage des choses, mais ce sur quoi elles résident. » Les mots et les choses, Michel Foucault.
http://www.esacm.fr/fr/esacm/
http://www.pierrefrulloni.com/
Hier, le départ
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Au bout de quelques jours, je suis grimpé dans ces montagnes. J’ai essayé de les suivre, comprendre pourquoi ils ne faisaient tomber aucun gravats. J’ai alors observé leurs gestes, leurs façons de marcher, ces pas de chat précis pour que rien ne tombe. Comme une résistance à la chute, une peur du vide sans doute. Ou alors, rien ne doit tomber de leurs territoires. Tout doit rester là, pour qu’ils marchent encore et encore dessus.
En les observant, j’ai commencé à construire des outils, pour comprendre, retranscrire cette résistance qu’ils produisaient face à la ruine dans l’errance de ces montagnes. Ma parole prit des airs de mythe pour saisir au mieux, se concentrer sur l’individu, arpenter les reliefs de leurs gestes. Puis une nuit, un son presque immuable me réveilla. C’était la première fois qu’un son se fit entendre dans ces montagnes. J’ai alors couru sur les versants, je les voyais se croiser dans une sorte de danse, de friction, c’était là où tout se jouait, leurs territoires se frôlaient, créant un vide, un trou, c’est là que tout tombait. Mais il n’avait pas l’image d’un trou. Ce n’était pas statique. Il tournait sur lui même, si compressé qu’il ne laissait percevoir qu’une petite entrée. Plus mes yeux s’en approchaient, plus je comprenais que le temps et la matière se collaient. Comme un glissement de terrain où les sédiments bien rangés, retraçant des milliers d’années, se rencontraient dans un mouvement chaotique et pourtant si fluide.
Sur le coup, tout s’est passé très vite, comme une nécessité d’un monde qui se faisait trop attendre. Une souche solide, une corde et un saut. Dans cette chute je vis comme des flashes de ce qui m’attendait. Une montagne, où les gens chantent en rythme pour en descendre. Un village de pêcheurs, des rues silencieuses. Un horizon que les oiseaux n’empruntent plus. Et une sensation, celle que quelque chose ne migre plus. Une traversée pour le comprendre.
Je me suis alors souvenu de l’accordeur de pianos. Il me dit qu’il lui fallu se rendre au-delà de tout, là où personne ne peut le suivre, s’armer d’outils s’offrant à lui sur son parcours, pour qu’enfin il puisse trouver la note.
Dans cette chute, je comprends aujourd’hui ce qui m’attend.
Equipage
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– Charlotte Pargue au dessus du cercle polaire.
Née en 1990, Vit et travaille à Clermont-Ferrand.
Graphiste diplômée en Communication Graphique, Typographie & Edition de l’Ecole de Recherche Graphique de Bruxelles.
Avec la réalisation de EXPOSITION en mars 2013 à l’occasion de l’arrivée des Plus Beaux Livres Suisses à l’Ecole de Recherche Graphique, Charlotte Pargue montre son travail de recherche autour de la scénographie ainsi que de sa communication.
Se spécialisant dans l’édition de livres d’artiste, elle tend toujours à transmettre par l’objet édité toute l’intensité de ce qu’il contient, de l’élaboration de la reliure à la facture de la trame d’impression.
– Vincent Blesbois en mer méditerranée.
Né en 1982. Vit et travaille à Clermont-Ferrand.
Artiste, membre fondateur et président de l’association/collectif Les Ateliers, diplômé de l’ESACM en 2009 (DNSEP), enseignant aux cours prépa à l’entrée en écoles d’art de l’ESACM depuis 2011.
Vincent Blesbois réalise des images, des volumes, des situations dans l’espace qui parlent de processus qui naissent dans l’atelier, du rapport au bâti et au déploiement, et inversement.
Il divise son temps entre sa pratique d’artiste, les réflexions collectives du devenir des ateliers en tant qu’outil de travail et espace de résonance du terreau artistique clermontois, et le trail. Toutes les activités qu’il mène sont perméables.
– Antoine Barrot dans le désert du Sahara. (à venir)
Né en 1987. Vit et travaille à Clermont-Ferrand.
Artiste, diplômé de l’ESACm et actuellement étudiant-chercheur en 3ème cycle, travail dans ce cadre autour de problématiques liées à une résurgence du sentiment romantique dans l’occident contemporain. En parallèle, il développe un travail plastique emprunt de récits science-fictionels, de musique électronique et d’architecture brutaliste.