du 04 octobre au 12 novembre 2017

LES CHANTS DU STYRÈNE



LES CHANTS DU STYRÈNE
Un cycle de 5 programmes vidéo hebdomadaires proposé par VINCENT GANIVET & LAETITIA CHAUVIN, dans l’espace-vidéo de la brasserie Bouchoule.Dans, sur, contre, tout contre, précédant ou succédant, ignorant ou informant, ce cycle de films et vidéos offre des échappées spatio-temporelles à partir de l’oeuvre de Vincent Ganivet.Ce balayage oscille entre les deux extrêmes du spectre audiovisuel, entre high et low culture: films d’artistes historiques, séquences Youtube, films d’entreprise, extraits majeurs de la cinéphilie et vidéos empruntées à la Collection départementale de Seine-Saint-Denis. Assemblées suivant un algorithme sensible et fantaisiste, ces films et vidéos soulignent les multiples ressources que la pratique de l’artiste mobilise, aux confins de l’architecture, de l’ingénierie, de la maçonnerie et du Land art.
Chaque programme est diffusé en continu pendant l’exposition ATLAS & AXIS et est renouvelé tous les dimanches.
Entrée libre du mercredi au dimanche 15h-19h. 

ÉPISODE EN COURS
du 5 au 12 novembre 

V – Process d’atelier / Gestes industriels
ALAIN RESNAIS & ANDREÏ ROUBLEV & CHLOÉ DUGIT-GROS** & LA GRAVURE À LA CUILLÈRE* & GUILLAUME GOUEROU & JULIAN LEMOUSY & VIVIEN ROUBAUD 

Il faut savoir conclure. Dans ce cinquième et ultime programme des « Chants du styrène » , fini ‘l’hubris’, fini la démesure. Ce nouvel épisode se concentre sur des gestes et des ‘process’, le premier terme évoquant l’univers de l’atelier, le second celui de l’entreprise. Dans un va-et-vient permanent entre artisanat et chaîne d’industrie, ce programme compose la synthèse et la conclusion de l’intrigue, et cite un certain nombre d’amis sans qui rien ne serait possible.

D’une part, l’histoire est dénouée, enfin!, à travers le dévoilement du Chant du styrène qui donne son titre au présent cycle de films et opère un flagrant recoupement avec le matériau des arches que Vincent Ganivet élève dans la brasserie Bouchoule. Film documentaire d’Alain Resnais commandé par le groupe Péchiney, il est une ode contemplative et subtilement ironique à l’industrie pétrochimique. Autre temps, autres moeurs, l’extrait du film ‘Andreï Roublev’ de Tarkovsky montre la fonte d’une cloche en 1423, orchestrée par le fils du maître-fondeur mort de la peste, et menacé de décapitation en cas d’échec. Lorsque le battant de la cloche est mis en branle et donne un son parfait, il avoue dans les bras de Roublev que son père – « cette charogne » – ne lui avait pas transmis le moindre secret de fabrication.

Les ficelles du métier, au contraire, s’échangent dorénavant volontiers entre artistes et Vincent Ganivet n’hésite pas à les mettre en ligne sur sa chaîne Youtube – à l’instar de certains youtubeurs-bricoleurs particulièrement inventifs (cf. The Crazy Canadian). Ces visites d’ateliers filmées donnent notamment à voir la présence d’amis et d’assistants qui, à leur tour, mettent en image leurs expérimentations, machines folles et ‘process’ d’atelier. Ces amis que sont Julian Lemousy, Chloé Dugit-Gros, Guillaume Gouérou et Vivien Roubaud, sont de ceux qui peuvent vous sauver la vie. Leur amitié, associée à d’autres, agit comme l’un des moteurs puissants de la création de Vincent Ganivet, à l’instar de Roublev qui, touché par la confidence du fondeur néophyte et frappé par sa foi, rompt son voeu de silence auquel il s’est astreint pendant une dizaine d’années et se remet à peindre.
LC

*Vidéos de Vincent Ganivet
**Collection départementale d’art contemporain de Seine-Saint Denis.


CHLOÉ DUGIT-GROS
Narcotica, 2012
Collection départementale d’art contemporain de Seine-Saint Denis.

ÉPISODES PASSÉS

du 4 au 14 octobre
I – Pourquoi ça tombe ?
ERIK BULLOT** & CHRISTO & SABINE MASSENET** & STICK BOMBS & DOMINO CASCADE*

L’épisode 1 est intitulé « Pourquoi ça tombe? », d’après l’ouvrage de Mario Salvadori & Matthys Levy (1),
dans lequel les auteurs analysent tous les paramètres structurels et constructifs qui contribuent à la destruction des édifices. « Un bâtiment est concu lorsqu’il est dessiné, il naît au moment de sa construction, vit tant qu’il est debout, meurt de son grand âge ou d’un accident inattendu, et la mort accidentelle d’une construction est toujours due à la défaillance de sa structure (2). « 
Ce premier épisode du programme propose une entrée dans l’oeuvre de Vincent Ganivet par la porte des humbles : des chutes et des feux d’artifices – envers et endroit d’un même mouvement –, des ratages, des éboulements, et la curieuse pratique populaire du Stick Bomb, qui consiste à assembler en tension des bâtonnets de bois et à les relâcher comme une cascade de dominos.

(1) Mario Salvadori dans Comment ça tient ?, Éditions Parenthèses, Marseille, 2005. p. 15.
(2) ibid

du 15 au 21 octobre

II – Comment ça tient ?
NANOUK L’ESQUIMAU & BUCKY FULLER & HANS-WALTER MüLLER & POLYORCÉTIE* & VOÛTES MEXICAINES & VAISSELLE*

*Vidéos de Vincent Ganivet
**Collection départementale d’art contemporain de Seine-Saint Denis.

Intitulé d’après l’ouvrage de Mario Salvadori ‘Comment ca tient’ ?1, dans lequel l’auteur décrit et commente les principes constructifs communs à tous les bâtiments, ce second épisode présente des films en lien avec des modes de construction novateurs et inhabituels, à mettre en parallèle avec les arches de Vincent Ganivet.
Igloo, voûtes ou dômes ont de tout temps été érigés par l’homme, bien que ces architectures requièrent une dextérité bien supérieure aux architectures orthogonales de type cabane à plan carré. Qu’elles soient construites selon un savoir-faire vernaculaire, tel que pratiqué par Nanouk l’Esquimau ou les macons mexicains par exemple, ou réinventées par des artistes-architectes-ingénieurs du XXe siècle – Buckminster Fuller ou Hans-Walter Müller, les maîtres en la matière — les voûtes exercent sur l’homme et sa perception de l’espace, une fascination voire, au risque d’un jeu de mot scabreux, un envoûtement.

L.CHAUVIN

1Mario Salvadori dans Comment ca tient ?, Éditions Parenthèses, Marseille.

du 22 au 28 octobre
III – Fun House on progress
OLIVIER GROSSETÊTE & LE CNIT & JEAN-LUC GODARD & TRAVAIL À LA CHAINE* & C.3. 1.3*POLYORCÉTIE* & LE HAVRE*

Dans ce troisième épisode, les « Fun Houses » sont tout sauf des palais ou maisons, mais plutôt des ouvrages d’art gigantesque, comme le barrage hydroélectrique de la Grande-Dixence (Suisse) ou le CNIT à La Défense, et des oeuvres d’art qui se lancent dans les hauteurs, tutoyant les bâtiments solides de la ville de Marseille (Olivier Grossetête) ou des monuments historiques
(Vincent Ganivet au Palais de Tokyo à Paris, à l’Hôtel de Caumont à Avignon, au Château de Salses).
On progress – ou « en cours » pour le dire en français –, tous ces films se déroulent pendant la phase clé du chantier (de construction ou de destruction d’ailleurs), moment qu’affectionne particulièrement Vincent Ganivet ; le chantier est l’épreuve du réel, la mise en application des idées patiemment échafaudées dans l’atelier. Il est aussi souvent spectaculaire : il faut entendre Jean-Luc Godard dans son tout premier documentaire « Opération béton », saisi de lyrisme pour évoquer le coulage du béton, observer les enthousiasmes collectifs lors des performances participatives de Olivier Grossetête, ou voir les ballet des grues gigantesques au Havre lors de la construction des « Catènes de containers ». Ce dernier excepté, tous les films de cet épisode montrent le corps de l’opérateur comme central et animant de ses gestes la matière et les formes.
La transmission des instructions est aussi capitale : la parole circule au moyen des cris voire du
téléphone ou du mégaphone.

du 29 octobre au 4 novembre
IV – Bigger than …
NANCY HOLT
& AJUTAGE* & LE HAVRE* & JAN KOPP** & NIEMEYER

Bigger than
… Les avis divergent : bigger than life, bigger than art, bigger than landscape. Plus grand que la vie, l’art ou le paysage. (Ou comment être ambitieux sans avoir l’air prétentieux.) Nancy Holt et ses Sun Tunnels incarnent suprêmement cette idée avec un sens de la démesure identique à celui qui a poussé les hommes à ériger des dolmens à Carnac ou à Stonehenge, et à canaliser les rayons du soleil pour une raison aujourd’hui inconnue – vénération, conquête ou possession ? Ce même vertige qui pousse Jan Kopp dans une course folle dans la Brasilia d’Oscar Niemeyer, où son corps est en butte avec le paysage concret ; cette même assurance crâne à défier la naturalité, la grandeur et la justesse du paysage, qu’incarnent les oeuvres en plein air de Vincent Ganivet, là sur la plage d’Anglet, ici dans le Potager du roi de Versailles ou sur le quai de Southampton au Havre. Ou comment faire tenir ensemble la vie, l’art et le paysage… en plus grand.
 L.CHAUVIN


Vincent Ganivet – Ajutage,
2011 – 3 min 51 sec
 

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Critique d’art et éditrice, LAETITIA CHAUVIN a co-dirigé la revue Code Magazine 2.0 de 2010 à 2015, et publie depuis juin 2016 le « fanzine de luxe » Pleased to meet you (éditions Semiose). Aux côtés d’artistes, elle participe à la conception d’oeuvres de commande publique et accompagne la réflexion de projets d’expositions. Diplômée en histoire de l’art et esthétique, elle rédige actuellement une thèse en esthétique sur les modes de production de la sculpture contemporaine.

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Nancy Holt – Sun tunnels, 1978 26 min 39 sec Courtesy Electronic Arts Intermix


Alain Resnais – Le Chant du styrène, 1958 13 min 09 sec Courtesy Les Films de la Pléiade

 

horaires
ouverture des portes 15h - 19h |